Sur l’oeuvre de Christian Garcin (2014)

Carnets d’Orient

 Carnets d’Orients édité en 2014 regroupe trois livres – des récits de voyage – parus précédemment : Itinéraire chinois (2001), Du Baïkal au Gobi (2008) et Carnet japonais (2010). Le lecteur peut lire séparément chacune des parties.

Un ensemble de textes où Christian Garcin voyage vers l’Est du monde (Chine, Inde, Russie, Mongolie, Japon) à la recherche d’« un lieu propre », c’est-à-dire propre à offrir à l’écrivain parti sur les traces de ses ancêtres (mais est-ce bien une réalité ?) un lieu désiré et désirable où il puisse se tenir sereinement dans un bien-être intense. Alors, dans sa tentative toujours repoussée – autrement il n’y aurait plus de désir – de s’approcher de quelque chose qui a à voir avec l’origine, l’écrivain invite le lecteur à marcher dans ses pas et à regarder par-dessus son épaule ; et cette invitation est une écriture aux facettes diverses (carnets de route, écrits de voyage, réflexions personnelles, sensations intimes, poèmes courts) où la lenteur et l’extrême attention aux êtres et aux choses produisent un art de vivre et une espèce d’art littéraire qui pourrait se définir ainsi : « suggérer le mystère par une langue claire, la complexité par la simplicité des effets ».

Et nous voilà partis chercher « l’étrangeté du monde » du côté de Pékin, Shanghaï, Canton, Xian où tout est énigme ; puis en Inde où l’espace privé est inconnu ; autour du Lac Baïkal jusqu’au désert de Gobi où le chamanisme reste une réalité profonde ; pour arriver au Japon, au bout du bout du monde ; un monde qui pourrait être aussi le chez soi de l’écrivain, du côté de Marseille ou des Alpes.

Il y a beaucoup de fleuves, d’arbres, de pierres, d’animaux massifs ou minuscules, et de goût pour la peinture et les livres dans cette écriture qui surgit au fil de la pensée sans trop de tracas.

En somme Christian Garcin cherche à rester dans la fiction, à habiter le rêve profond ou en lisière pour demeurer au plus près du réel en devenir. Un futur qui serait source créatrice et non une faille sans fin entre Auschwitz et Hiroshima.

DULLA

 

Des femmes disparaissent

Ils forment un drôle de couple, Bec-de-Canard et son chef Zhu Wenguang, dit Zuo Luo, le renard justicier, ou encore Zorro ; des détectives à la recherche de femmes violentées. Une violence particulière, puisque ces femmes ont été vendues toutes petites par leurs parents et sont frappées par leurs maris. Il s’agit donc de les protéger, et les deux « privés » s’y emploient avec vaillance et réussite.

Comme souvent dans les romans de Christian Garcin, le lecteur avance dans l’histoire par « emboitement » d’autres histoires racontées par les protagonistes où l’on circule de Guangzhou (Chine) à Chinatown (New York) et de Chinatown à Hokkaido (Japon). Zhu Wenguang dont le gabarit rappelle celui des sumos ne s’en laisse pas compter et affronte des membres de triade (gang chinois) parfois ex yakusa (gangster japonais) avec une détermination farouche, d’autant que trois femmes de son environnement personnel, Yatsunari Sesuko, Zheng Leyun, Yang Cui Cui ont eu maille à partir avec ces voyous.

Des femmes disparaissent est sous-titré « Un roman de Chen Wanglin ». Le roman de Garcin est comme déjà écrit par le neveu d’un couple, les Chen, lui, technicien en informatique, et elle, voyante, medium, capable de communiquer avec un chien pelé, réincarnation sans doute d’un vieux voyou, Vieux Fang. Un effet de la transversalité du temps et des pratiques chamaniques où des vies ont été vécues et ressurgissent avec vigueur dans la forte tradition de la culture bouddhique.

Les aventures de Zuo Luo, le renard justicier, titre donné par Chen Wanglin, alias Christian Garcin, est un formidable roman où se mêlent intrigue policière, aventure sentimentale et poésie orientale. Où le lecteur peut se laisser glisser comme l’animal dans son terrier.

DULLA

 

Du bruit dans les arbres

 

Du bruit dans les arbres est un court roman d’une centaine de pages que Christian Garcin offre à la lecture. Une lecture froide, blanche, dépouillée, à l’image de la contrée où se déroule l’action : des hauts plateaux enneigés et glacés que l’on imagine en Norvège. Et pourtant des drames ont eu lieu et courent encore lorsque la boue, la chaleur et la lumière deviennent plus intenses.

En quatorze chapitres (est-ce un hasard ?) une histoire se déroule, passionnante, palpitante, avec trois narrateurs qui, à tour de rôle, disent « je », nourrissent l’intrigue de leur expérience personnelle de la vie, et apportent de nouveaux éléments d’information enrichissant la progression dans la fiction.

Un critique littéraire et un photographe ont pour mission d’interviewer un grand poète, Norwich Restinghale, qui vit isolé, presqu’en reclus, dans une tour crénelée au milieu d’un parc et de nulle part. La publication d’une nouvelle Sale hiver en est le prétexte. Mais il se trouve que Georges et Paul ont croisé la vie de cet écrivain dont la misanthropie et le caractère odieux ternissent le regard porté sur lui. Une vie que traversa Tania, la mère de Paul, avant de disparaître, et que Laurie, la jeune fille handicapée, illumine.

La quatorzième station – pardon ! le quatorzième chapitre – n’a rien de sépulcral. Il est étonnant de résolution, d’accord et de bonheur. Mais ne disons rien. Lisons !

 

DULLA

 

En descendant les fleuves : carnets de l’Extrême-Orient russe

En descendant les fleuves : carnets de l’Extrême-Orient russe n’est pas un ouvrage de fiction. Écrit à quatre mains, celles de Christian Garcin et d’Éric Faye, il peut être rangé dans la catégorie bien définie des créations littéraires des écrivains voyageurs.

Le voyage proposé dans ce livre est une dérive dans une immense région au froid polaire, à l’histoire mouvementée, terrain d’investissement de l’imaginaire et d’investigation sur les ressources que les hommes possèdent quand le climat est particulièrement hostile ou les centres de vie très éloignés.

Il y a d’abord la descente en bateau (vers le Nord) de la Lena, depuis Iakoutsk, ville à l’aplomb de laquelle on distingue la Sibérie, à l’Ouest, et l’Extrême-Orient, à l’Est. Une esthétique de bric et de broc dans les villes bordant le fleuve due au permafrost, sol gelé en permanence, baignées par la lumière du Nord le soir, « précieux ciel du soir » offrant une parenthèse à la monotonie, propension au rêve et donc à l’invention. Et quand on arrive à Tiksi sur les rives de l’Océan Arctique, c’est une vraie surprise qui saisit le voyageur. Savoir aussi que la Iakoutie est un territoire où or et diamants sont à profusion.

L’autre très long fleuve de la région est l’Amour, en chinois, Heilong-jiang, un fleuve sans source, car naissant de la confluence de l’Argoun et de la Chilka. Il coule horizontalement, lui. Une occasion de s’attarder à Khabarovsk, ville à la fois très loin de Moscou, et très proche à maints égards. Puis de virer vers Birobidjan qui fut « région autonome juive » jadis, avant qu’une partie de la population soit envoyée au Goulag, au Nord, à Magadan ou Oïmyakon. Descente aussi vers Vladivostok, ses musées Arseniev et l’ombre de Yul Brynner, vers Slavianka, ville bucolique au charme slave, aux portes de la Corée du Nord.

L’épilogue est un hommage à Gustave Flaubert, auteur du Voyage en Orient (Moyen-Orient) et son invitation à vivre pleinement « l’ivresse du voyage ».

DULLA

 

Fées, diables et salamandres

ce recueil Fées, diables et salamandres, Christian Garcin offre au lecteur un bien joli condensé de l’imaginaire fantastique qui peuple sa personnalité d’écrivain. Des nouvelles étranges, en effet, où la réalité est effacée au profit d’histoires improbables et même invraisemblables, mais qui, toutes, apportent plus de joie, de curiosité, de sensibilité et d’espérance qu’une morne actualité des temps d’aujourd’hui.

Les nouvelles sont courtes, à facettes comme la dernière, Les onze aventures de M. G. – que le lecteur surtout ne commence pas par lire La princesse de Roumanie !, et dispensent des aventures sidérantes où les grandes obsessions de l’auteur sont peintes en quelques tableaux à forte économie. Autant les dire, ces obsessions : tomber verticalement en des trous d’air ou de terre ; ralentir le temps autant qu’il faut pour prendre conscience de ce que vivre veut dire ; découvrir que soi est un double et vice versa ; s’enfoncer dans les bois quitte à y laisser sa peau ; avoir plusieurs vies (comme les chats).

Un petit livre au titre délicieux qui pourrait être comme une introduction à l’œuvre foisonnante de Christian Garcin, auteur réellement habité par les esprits surnaturels. C’est eux qui susurrent cette vérité touchante : être écrivain (c’est-à-dire à la source de la lecture) c’est « réorganiser une cacophonie. Créer de l’ordre dans le désordre. Du cosmos à partir du chaos ».

DULLA

 

Ienisseï

 Le titre du livre – très beau fleuron d’écrits voyageurs – est le nom d’un fleuve de Russie – long fleuve de presque 3500 kilomètres (900 kilomètres de moins que la Lena et 700 de plus que l’Amour) coulant du Sud au Nord en Sibérie à l’Ouest du Lac Baïkal.

Ienisseï, c’est une descente en bateau, en l’occurrence le Alexandre Matrosov, de Krasnoïarsk à Doudinka, 1700 kilomètres à 24 km/heure. Une monotonie qui vaut celle du Transsibérien et qui permet de s’abandonner à la rêverie et de coucher sur le papier des impressions de voyage.

Une rêverie qui commence avec l’évocation du procès des trois jeunes femmes des Pussy Riot (Emeute de Chattes) qui avait chanté dans une église « Marie Mère de Dieu, chasse Poutine » ; rêverie qui passe par une petite histoire des camps de travail et de résidence, un ensemble appelé « Zona », une zona où l’uranium, la palladium, le cobalt et le nickel constituent la richesse du sous-sol, sous le permafrost, l’éternel permafrost de la Sibérie/Extrême Orient ; rêverie qui passe aussi par une déclinaison des nombreuses populations indigènes de la Sibérie ; qui s’attarde dans la ville dantesque de Norilsk  – l’Enfer – d’où est originaire l’une des petites Chattes ; et qui se termine dans la Russie blanche, berceau d’une histoire complexe et douloureuse.

Ienisseï est un livre porté par une fluidité d’écriture remarquable ; et les chiffres qui surgissent de temps à autres pour donner corps à l’économie sont comme des remous autour desquels la lecture se concentre pour mieux repartir, tranquille et passionnée.

DULLA

 

La jubilation des hasards

 La jubilation des hasards est un roman fantastique qui doit son titre à une expression de l’écrivain Paul Claudel parlant des coïncidences significatives. Le hasard est le grand inconnu de la connaissance qui donne force et vie aux événements et procure un sentiment de joie dès lors qu’il ne véhicule aucun drame. C’est effectivement ce qui se passe avec ce roman de Christian Garcin.

L’histoire est racontée à plusieurs voix. Mais le « Je » est un journaliste, Eugenio Tramonti, intrigué par deux rêves qu’il a faits : celui de pénétrer verticalement dans un terrier et celui de remonter un fleuve inconnu pour en découvrir la source. Ces deux rêves vont faire écho à plusieurs récits où des galeries souterraines débouchent sur des petites salles où des êtres humains éprouvent la fin de vie.

Mais la fin de vie n’est pas la mort. Il existe même des personnes comme Shoshana Stevens qui font profession de retrouver les traces des personnes mortes avec pour objectif que les descendants reconnaissent celle ou celui – même nouveau-né – qui porte le destin éternel de l’être humain. Comme pour éviter les tourments de l’avenir. Une sorte de plongeon vertical à l’intérieur de soi.

Après avoir rencontré Shoshana en Ecosse, le narrateur principal s’envole à New York pour un reportage sur le 11 septembre 2001. Dans l’avion, un géologue russe, Evgueni Smolienko, retrace les infortunes d’un collègue, Chen, qui se laissera mourir dans un terrier en Sibérie. A New York des récits apparentés à celui-ci engendrent des images assaillant les protagonistes du roman. De multiples péripéties où des histoires se déversent les unes dans les autres comme dans un couloir invisible où les consciences sans corps réinvestissent les lieux de mort.

La jubilation des hasards délivre chez le lecteur « la sensation exquise » de s’enfoncer dans un terrier-livre et de découvrir une forme d’immortalité, celle des récits qui emportent les personnages à travers les siècles. N’y lit-on pas une référence au chant XI de l’Odyssée d’Homère quand Ulysse arrive à l’entrée du Royaume des morts ?

DULLA

 

La neige gelée ne permettait que de tout petit pas

 Le livre dont le titre correspond à celui de la première nouvelle est un recueil de neuf nouvelles qui peuvent se lire indépendamment les unes des autres.

Des nouvelles où les personnages, pauvres héros des temps modernes, expriment une haute solitude dans le quotidien marqué par la banalité la plus désolante, solitude qui devient insupportable et implique de trouver des issues pour en sortir.

Pour en sortir, les protagonistes ont quelques idées que l’on peut qualifier parfois d’exagérées : tuer sa femme ; partir sans retour ; tentative de « couper » avec la vraie vie ; retour sur des amours anciennes. Mais il arrive que le bonheur fend cette argile et que des solutions surgissent : des gestes de l’enfance qui persistent chez l’adulte ; des retours sur soi pour se projeter en avant ; des écoutes attentives où « l’apparente insignifiance » contient « plus de potentiel émotif que l’aventure ».

Si le lecteur tient absolument à découvrir un fil rouge entre les récits, il peut mettre à jour ceci : dans toutes les scènes présentes, affleure le désir de retrouver l’essentiel de la vie. Mais qu’est-ce que l’essentiel ? Ce que l’on ne vit pas assurément. Peut-être aussi le souvenir de voyage où l’on dira comme dans la dernière nouvelle, Cheyennes et Inuits : « Ç’avait été une bonne journée ».

Une bonne journée, oui, celle où on aura lu ce livre mince, mais tellement juste !

DULLA

 

L’embarquement

 Thomas est écrivain, pas vraiment sdf même s’il en a un peu l’allure, et s’il a la bougeotte tant il est obsédé par le désir de partir. Partir pour éviter d’être pris dans les rets du futur qui prend possession du présent. Partir pour ne pas être capturé par la séduction d’un monde devenu marchandisation, standardisation, animalisation.

Thomas est aussi un homme qui séduit les femmes. Dans le sens où les femmes perçoivent sa sensibilité fragile et son aura romantique. Et parmi ces femmes – nombreuses, très belles – il y a Marie, Marie qui prend Thomas comme il est. A une exception près, les femmes sont infiniment patientes avec Thomas. Thomas qui ment un peu pour se donner du temps, le temps de trouver la bonne destination, le voyage qui convient, là où coule une rivière ou un fleuve. « J’adore les fleuves, leur puissante placidité » dit-il lorsqu’il est à Prague parti rendre visite à Edna qu’il connut jadis à Marseille.

Tirer le temps hors du présent / futur en prenant possession du passé pour donner de la lisibilité au monde transformé en chaos. Tel est le projet de Thomas. Avec laquelle ? Joana Paola, Tatiana, Edna ?

Il y a aussi quelques hommes dans son entourage, des sdf, Dédé et Mouloud, le poète Josef, serveur dans un café, Kurt le photographe de Berlin. Et tous ces personnages de la vie de Thomas, du roman de Thomas sur la vie surgissent au fil des chapitres en des positions de narrateur (celui qui raconte l’histoire). La singularité du livre de Christian Garcin tient à cette réussite : donner une forme narrative à la fiction où chaque chapitre fait bouger les sensibilités. Thomas aussi est installé parfois comme narrateur. Il s’ensuit des temps de retrait du monde où des monologues intérieurs colorent ce temps passé où Thomas a fréquenté ces gens.

Thomas, l’homme de la désinvolture inquiète, à la fin du roman, prend une décision : l’embarquement pour une île dont le lecteur devine le nom puisqu’elle est au sud de la Grèce. Le choix d’échapper à « la camisole de force électronique » qui innerve les temps modernes. Tout seul ?

DULLA

 

Les nuits de Vladivostok

 Vladivostok est une ville aux confins de la Russie et qui fut interdite aux étrangers de 1922 à 1992, au temps de l’URSS. A deux pas de la Chine, de la Corée du Nord et du Japon, elle est une ville « sensible » propre à être investie par les espions, mais aussi par les trafiquants de toutes sortes, y compris d’enfants. Autant dire que les nuits de Vladivostok sont grises par-delà les pots d’échappement et le ciel plombé de gaz.

Dans ce roman de Christian Garcin, le lecteur retrouve avec bonheur des personnages qu’il a déjà croisés dans des livres précédents, notamment Des femmes disparaissent et L’embarquement. Thomas s’est trompé de train et se retrouve à Vladivostok tandis que Marie l’attend près du lac Baïkal. Celle-ci fera de belles rencontres, des créatures chamaniques, tandis que son amour, Thomas, parti pour faire la promotion de quelques écrivains, se retrouvera, par un malentendu douloureux, en présence de Zuo Luo, le renard justicier, et de Chen Wanglin, écrivain et enquêteur, lancés à la poursuite de Tomas Krawczyk, un Russe trempant dans de multiples combines.

Il s’ensuit de multiples rebondissements où les coïncidences de vie et d’objectifs portent les personnages en des lieux où se révèlent des intérêts ou des soucis communs. Un événement focalise les actions des uns et des autres, l’île Damanski (pour les Russes), Zhenbao (l’île au trésor, pour les Chinois) qui, forte de ces 0,74 kilomètres carrés, faillit faire éclater une guerre nucléaire entre l’URSS et la Chine dans les années 60. Des soldats ont été tués, enterrés là et reviennent hanter si l’on peut dire la mémoire et la vie des vivants.

Christian Garcin mène de main de maître une histoire où temps historique et espace littéraire se conjuguent pour faire dire au roman la logique souterraine qui peuple la sensibilité humaine habitée par les hasards, les liens familiaux et les événements politiques. Le lecteur s’enfonce dans un labyrinthe de situations non dépourvues cependant de fil d’Ariane, et c’est ainsi qu’il ne se perd jamais.

DULLA

 

Selon Vincent

 Selon Vincent est le dernier roman de Christian Garcin paru cet automne. Suivant une technique déjà entrevue dans certains de ses livres, l’écrivain varie l’identité du narrateur au fil des chapitres du roman. Cela donne un bel effet de circulation de la parole, parole qui se construit progressivement pour dire une certitude qui échappe à chacun et enveloppe tous les êtres, humains, animaux, plantes et minéraux, dans une vérité qui lie la vie à la mort.

Le lecteur verra dans cette histoire de l’oncle Vincent un roman familial transcontinental inter-séculaires et intergalactique puisque l’on passe de la Patagonie à la Sibérie Orientale via la Russie occidentale et vice versa, et du XXIe siècle au XIXe et vice versa, et de la terre à Mars et au-delà. Il aura raison.

Au commencement, il y a Rosario et sa mère, la réception par la Poste du tapuscrit (manuscrit tapé à la machine à écrire) de l’oncle Vincent Le non-humain : histoire de Vincent, une histoire singulière où l’auteur raconte pourquoi il décida de se retirer dans un lieu loin de tout, dans une île de Patagonie, au Chili, vivant en ermite. Et dans ce tapuscrit, un autre récit borde le premier : celui de Louis Folcher, un grognard de l’armée impériale de Napoléon, trouvé cousu dans son uniforme et retrouvé après sa mort à Waterloo.

Au fil de l’histoire racontée par plusieurs personnages du roman, le lecteur tombe sur des personnages extraordinaires, aventuriers des temps anciens ou modernes, lancés dans leur désir d’aller au bout de leur destin, au risque de devenir fous et dangereux, mais où surnagent en permanence une tendresse pour l’humanité, la proximité avec ce qui vit et ceux qui ont vécu. Car il est question aussi, bien évidemment comme dans bon nombre de romans de Christian Garcin, de chaman et de chamanisme. Les deux revers de la médaille pour qui veut vivre intensément.

DULLA

 

Sortilège

 Ezra décide de partir. Partir à Prague ? Caracas ? Berlin ? Après deux nuits de tournées dans les bars de Marseille, un au revoir aux amis, une visite des momies au Musée Archéologique avec sa très chère sœur Leila, il part marcher dans le désert.

Sur sa route, le bar de Misra, une pause, un lieu étape où il pourra revenir chercher de quoi se nourrir, écrire et dessiner. Et il s’enfonce dans la solitude. L’obsession de la mort. Mais aussi d’autre chose. Une lumière peut-être, aveuglante, à regarder la mer d’un bleu abyssal depuis la grotte où il se tient en compagnie d’un drôle de personnage. Muet, comme lui, les circonstances aidant.

Ce petit roman court est suivi d’un second, court, lui aussi :

Cinq jours et une éternité

 Où l’on retrouve Ezra Bembo à Marseille, un musée hétéroclite sous les combles. Une mission est confiée à Gaspard celle de porter à un couple de bergers dans les Alpes une boite qui ne doit être ouverte que lorsque Gaspard sera parti. Seulement voilà…

Où le lecteur en apprend un peu plus sur Ezra et sa famille, et son désir impératif après une vision de partir au désert. Une folie provoquée par une violente douleur.

Deux romans où les ombres de Rimbaud et de Van Gogh (appréciation personnelle) couvrent de leurs ailes la personnalité étrange du héros principal, Ezra.

DULLA